Christophe Dessy, le directeur du centre de formation du Standard, croit en ses jeunes
SCLESSIN Kompany, Vanden Borre et De Man à Anderlecht. Vanaudenaerde, Vandelannoite, Yulu- Matondo et Roelandts à Bruges. Last but not least, Pocognoli, Defour, Remacle et Verdonck à Genk. Autant de jeunes joueurs -et la liste n'est pas exhaustive... - déjà alignés par trois grands de notre championnat.
Et au Standard? Personne. Devy Scattone, le seul jeune (19 ans) intégré au noyau A, n'a pas été retenu une seule fois au premier tour et est parti prendre du temps de jeu à Oud-Heverlee Louvain, en D 2. Tentative d'explication avec Christophe Dessy, le directeur du centre de formation des jeunes Rouches.
Circonstances favorables
«La postformation est un problème en Belgique», explique Christophe Dessy. «Comment gérer un joueur après ses 18 ans? Il faut élaborer une stratégie intelligente dans l'intégration d'un jeune. Il doit être intégré pour jouer. Sinon, autant qu'il poursuive son apprentissage dans un centre de formation. Ou qu'il soit prêté pour être confronté à la compétition. Le championnat réserve, c'est de la rigolade: le classement ne signifie rien. Or, en équipe première, une erreur a des conséquences. Et une bonne action aussi. L'équipe pro vise le résultat immédiat. La formation vise l'avenir. Le Standard n'a pas l'âme formatrice: par le passé, le club n'a pas misé sur la formation. Aujourd'hui, cela a changé mais il faut encore trouver une solution pour permettre la transition entre les jeunes et l'équipe première. En les faisant venir à l'entraînement de l'équipe première s'ils le méritent, par exemple.»
Le Standard vise actuellement surtout le court terme, c'est-à-dire le titre ou, au moins, la qualification européenne. Cela dit, y associer un jeune n'est pas impossible. Les trois autres grands le démontrent actuellement.
«Genk n'est qu'à six points de la tête et a pourtant dû lancer beaucoup de jeunes», constate Christophe Dessy. «Mais si vous analysez la situation, vous remarquez qu'Hugo Broos a été obligé de le faire, pour remplacer des joueurs blessés. Il avait été dans le même cas à Anderlecht, quand il a lancé Kompany, puis Vanden Borre. Et ils ont saisi leur chance. Le centre de formation doit être la première porte de secours de l'équipe pro. Nous, on a la chance de ne pas avoir de blessés... Mais les jeunes sont comme à l'arrêt de bus: si on ne leur tend pas la main, ils prennent le bus et vont voir ailleurs.»
D'autres cas Mirallas
Les exemples ne manquent pas: Pieroni (Auxerre), Mirallas (Lille), Pocognoli, Remacle... autant de joueurs qui réussissent au plus haut niveau après avoir été formés... au Standard!
«Ce cas de figure se reproduira encore et tout le centre de formation du Standard en est très fier... même si nous préférerions qu'ils éclosent ici», assure le directeur du centre de formation. «Nous formons pour le marché de l'emploi: vous pouvez faire vos études à Bruxelles et travailler à Liège. Mais je peux vous dire que pour les jeunes qui sont au Standard, l'écusson représente quelque chose. Ils sont fiers de porter les couleurs du Standard et rêvent de recevoir leur chance. Ils sont formés avec une identité forte et c'est un drame quand ils doivent partir parce qu'ils ne la reçoivent pas... Il faut être conscient qu'on a des joueurs avec un énorme potentiel: nous avons une vingtaine d'internationaux dans les équipes d'âge. Nous pourrions sortir un jeune par an.»
Or le dernier jeune formé à Sclessin à évoluer en équipe première, c'est Jonathan Walasiak... Cela n'a pas empêché le Standard, qui avait invité quatre jeunes au stage (Piette, Fellaini, Papassarantis et Dachelet), de faire signer deux jeunes... transferts (Faye et Vulin).
«Il faut aussi que la place ne soit pas occupée par des pros confirmés... Mais nous ne sommes pas en retard avec les jeunes qui sont allés en stage: ils sont encore très jeunes et combinent encore le football avec une scolarité. Mais c'est clair que cela les motive de côtoyer de temps à autre le noyau A. Comme lors du match amical contre Seraing: pour eux, c'est comme un match en équipe première.»
En attendant de passer du rêve à la réalité...