Les feux de tous les projecteurs seront braqués, exclusivement, sur eux, les deux grands, historiques, de notre compétition domestique. Bruges et Genk, revenus aiguillonner les leaders en rupture d'hégémonie, ne pèseront d'aucun poids dans leur débat, les vicissitudes du calendrier contraignant ce soir au repos le Club et le Racing.
Le Standard, qui vient de flancher à Gentbrugge, et Anderlecht, qu'une dose de réussite insigne a fait gagner à Zulte-Waregem, viennent juste d'intervertir leurs positions au classement. Ils vont se défier, ce soir à Sclessin, en étant contraints à étaler enfin vraiment toutes leurs forces et leurs faiblesses, qu'ils ont, jusqu'à présent, toujours plus ou moins masquées. À qui va profiter l'inversion en tête du tableau?
À l'évidence, les Standardmen ont mal assumé leur leadership. Leur statut, tout neuf, d'outsiders leur siéra peut-être bien mieux, s'il contribue à débrider leur énergie. Beaucoup plus roués aux honneurs que leurs adversaires, les Anderlechtois se sentent généralement à leur aise tout en haut du classement. Ils ne risquent même plus, au contraire du Standard, de se retrouver largués en cas de défaite, comme cela aurait été le cas si le sommet n'avait pas été différé. Le Standard n'est plus à l'abri d'un tel décrochage. Parce que ni l'un ni l'autre de ces candidats au titre ne surclasse ses adversaires, le choc s'annonce indécis.
Il l'est, sûrement, quand on quantifie les performances qu'ils ont forgées en déplacement. Ils n'y ont, l'un et l'autre, engrangé que 54 % des points mis en jeu. Anderlecht n'y a même pas remporté un match sur deux. C'est l'indice chiffré d'une faiblesse objective. En 2003-2004 par exemple, le Sporting avait réalisé un brillant sans-faute - 24 points donc - alors qu'il n'en a, laborieusement souvent, glané que 13 cette saison. Jamais, ces cinq dernières saisons, un meneur après seize rencontres n'a totalisé moins de 19 unités. Plus que jamais donc, l' avantage du terrain paraît se révéler déterminant.
Le Standard, qui devra se déplacer à Bruges et à Anderlecht au retour, a vraiment tout intérêt, ce soir, à laisser au vestiaire ses états d'âme, ses complexes et ses inhibitions diverses...
Michel Dubois
© Les Sports 2005