Chaque équipe a dominé sa mi-temps
BRUGES La course au titre use. Elle mine. Elle érode les nerfs les plus solides. Les Brugeois, pourtant roués aux honneurs, n'échappent pas au phénomène. Face à un Standard remarquablement organisé, surtout pendant une première demi-heure d'excellente facture, qui les a empêchés d'ébaucher leurs offensives au départ de leur ligne médiane, ils ne sont jamais parvenus à se libérer totalement de la tension qui les étreignait.
Longtemps, dans une première période éclairée par deux buts lumineux de Conceiçao, puis de Verheyen, mais hâchée par trop de manoeuvres de retardement, dans les deux camps, la crispation a noué les offensives locales, elle les a syncopées, les a fait avorter, trop vite, dans des transmissions téléphonées.
Cette tension était moins perceptible au Standard qui revient, il est vrai, de trop loin pour espérer se mêler encore à la course au titre. Cette équipe liégeoise là n'est pas demeurée passive, attentiste, excessivement prudente. Elle a même, progressivement, occupé les espaces que les Brugeois, qui se contraignaient parfois eux-mêmes à reculer, leur abandonnaient.
Pendant trente-cinq minutes, les premières, le Standard a imposé son empreinte presque son emprise jusqu'à ce que le but égalisateur les incite à lever le pied que ses joueurs étaient presque disposés à enfoncer sur l'accélérateur.
Le Standard s'était hissé assez tôt sur une formidable rampe de lancement. Dans son camp, entre son rectangle et la ligne médiane, Van Der Heyden avait cafouillé une interception. Bangoura avait récupéré le ballon et alerté Walasiak. Ce dernier avait servi Conceiçao dont l'attitude souvent déplaisante a contrasté, quelquefois, avec des trouvailles de grand joueur. Ce fut le cas cette fois-ci. Près de l'angle du rectangle, le Portugais distilla un superbe tir croisé que Butina ne put même pas... regarder filer au fond de son but (0-1).
Sur la réplique Englebert, bien placé dans le rectangle, écrasa trop son envoi. Puis Balaban, à la 23e, distilla un bon coup franc un rien trop enlevé. Le Standard faisait mieux que tenir bon. Son double barrage, pas du tout négatif, rendait le Club statique, voire emprunté. Orchestrée par un impeccable Dragutinovic, la défense rouche protégeait parfaitement son gardien. À la 33e toutefois, l'organisation liégeoise accusa une faille dans l'axe. Ceh y propulsa Lange. Le Norvégien crocheta Dragutinovic mais Runje remporta son face-à-face avec le précieux pivot du Club. Ce n'était que partie remise. À la 39e Simons réussit, le long de la ligne de touche, une interception sur Conceiçao. Il servit aussitôt Verheyen, droit devant lui. L'attaquant brugeois rentra dans le jeu pour décocher, en foulée, une formidable volée qui alla nettoyer les toiles d'araignée (1-1).
Remis en selle, le Club allait, enfin, marquer lui aussi la seconde période de son empreinte même si, à la 58e, Leonard fut sur le point de ponctuer un coup franc de Conceiçao et surtout si, à la 67e, Butina dut sortir, lui aussi, l' arrêt du match sur un nouveau coup franc superbe du Portugais. Sur la réplique, Runje dut détourner, d'une claquette, un coup de tête de Lange. Bruges avait retrouvé son rythme, presque ses élans. Il pesa sur la défense liégeoise, refusant de perdre mais incapable, peut-être, de créer le déséquilibre qui aurait pu l'inciter à convoiter vraiment la victoire. Trop de fautes, de part et d'autre, continuaient de casser le rythme.
Le Standard était dominé, territorialement et stratégiquement, mais il ne s'affolait pas. Il pliait, parfois, mais jamais il ne donnait l'impression qu'il allait peut-être rompre.
Ceh, actif et entreprenant dans le jeu, n'avait pas, comme Conceiçao, ajusté la mire de ses coups francs. Quand il l'avait fallu, Runje avait émergé sur les trop rares centres qui avaient convergé dans son petit rectangle. Dans les arrêts de jeu, Clement offrit à Victor la balle de match. La volée du Brésilien manqua de précision...
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