L'ancien attaquant du Standard explique la crise du foot portugais
PORTIMAO Comme lors de chaque stage au Portugal, Luis Norton De Matos est passé rendre visite à la délégation du Standard. «J'aime bien revoir mes amis: Michel Preud'homme, Dominique et Lucien D'Onofrio... Je suis resté très attaché à ce club où j'ai joué de 78 à 81.»
Aujourd'hui, vous êtes sans club: comme Dembéle, vous avez résilié votre contrat à Setubal.
«La situation n'est pas facile. Je préfère attendre le mois de juillet pour redémarrer avec une équipe. Au Portugal ou ailleurs... Un retour au Standard? Cela n'a jamais été évoqué... Mais qui sait? Un jour peut-être.»
Pourquoi tant de clubs portugais ont des difficultés financières?
«Même les grands clubs ont des problèmes d'argent. Il y a cinq ou six formations de D 1 qui ne savent pas payer les joueurs qui, dès lors, résilient leurs contrats. Mais la Ligue permet à ces clubs d'engager d'autres joueurs, plutôt que de le leur interdire tant qu'ils n'ont pas payé leurs dettes. S'ils vont au tribunal, les joueurs doivent attendre un an et demi avant d'être payé. Moi, je préfère toucher par exemple 5.000€ maintenant plutôt qu'attendre pour en toucher 8.000... Les clubs vivent dans le mensonge, les dettes augmentent. Il n'y a pas de contrôle financier. D'autres clubs vont en arriver à la situation de Setubal si cela continue. Notre budget, d'1,7 million d'€, était le plus petit de D 1 et nous avons été la révélation du premier tour: nous étions 3es. Après avoir gagné la Coupe, huit titulaires sont partis et nous les avons remplacés par des inconnus. Ils venaient de D 2, D 3 ou étaient réservistes dans les autres clubs. Moi, c'était ma première expérience en D 1, j'étais habitué à travailler de la sorte dans les divisions inférieures.»
Comment avez-vous recruté Dembéle, à Nîmes?
«La saison passée, je suis allé voir les quarts de la Coupe de France, contre Sochaux... pour deux autres joueurs. Après dix minutes, je n'ai plus vu que Dembéle. Dans mon jeu, il était la pièce maîtresse. À Porto, la plus grosse équipe du championnat, nous avons subi mais nous avons fait 0-0: Siramana a récupéré le plus de ballons, sans commettre une faute! Tactiquement, il est très fort, il voit juste, il communique naturellement. Il a une bonne relance, il sait monter pour déséquilibrer l'équipe adverse. Il est comme Makelele: petit mais efficace. Je n'ai pas été à la base de son transfert au Standard: la saison de Setubal n'est pas passée inaperçue et tout le monde savait que certains joueurs étaient libres...»
Comme Bevacqua, l'attaquant de Braga pisté par le Standard.
«Il s'est surtout illustré contre Benfica, en marquant deux buts. Il bouge beaucoup, c'est un soutien d'attaque pas un homme de rectangle. Mais il n'a été titulaire que deux ou trois fois, je ne sais pas vraiment le juger.»
Vous avez été le premier Portugais du Standard. Une filière très exploitée aujourd'hui...
«Les joueurs portugais ont un bon rapport qualité/prix. Ils s'exportent bien. Costa s'imposera par son expérience. Conceição et Moreira ont bien réussi aussi. On ne les fabrique pas, ils ont le foot dans le sang.»
Propos recueillis par D. D.M.
© Les Sports 2006