Par une porte dérobée, sans raison valable et malgré un contrat d'un an, Milan Rapaic a quitté ses partenaires deux jours avant la reprise de la saison. Hallucinant!
SCLESSIN Le milieu du football a beau avoir déjà fait éclore les surprises les plus étonnantes et ahurissantes, celle qu'a réservée Milan Rapaic à ses partenaires et dirigeants n'a d'égale mesure qu'un évident manque de correction, de respect et de professionnalisme. On l'avait connu renfermé, impénétrable et mystérieux lors du défunt championnat. Avec une préparation exemplaire qui avait laissé entrevoir ses réelles et immenses qualités, le Croate apparaissait mieux intégré. Plus décontracté. En phase avec son environnement. Comme s'il venait seulement de trouver les bons repères dans la Cité ardente. La surprise de son arrêt immédiat en était donc d'autant plus naturelle.
«Il a averti Luciano D'Onofrio et Pierre François mercredi en soirée», précise Michel Preud'homme. «Par contre, le coach, le groupe et moi-même n'étions au courant de rien jusqu'à son entrée au vestiaire avant l'entraînement matinal. Tout le monde a vraiment pris un coup sur la tête en entendant sa décision, par ailleurs irréfutable.»
Car le Croate avait encore un an de contrat à honorer: «Venu gratuitement chez nous, on lui avait assuré qu'en cas de proposition, nous ne lui mettrions pas de bâtons dans les roues. Seulement, il n'y a strictement aucune offre le concernant. Aucun club n'a émis le désir d'acquérir ses services. Dès lors, il nous doit encore une année de contrat et le Standard va faire respecter ses droits dans cette affaire.»
Cette rupture unilatérale de contrat met évidemment Rapaic dans son tort le plus complet.
Une annonce laconique
Parfois attaquée, la direction de Sclessin ne peut être en rien incriminée dans cette mauvaise blague dont elle est la première victime. Le plus regrettable provient aussi de la manière nonchalante dont le joueur s'est autolibéré de son engagement. «Il affichait un comportement très cool, hyperrelax, rage le directeur technique. On m'avait dit qu'après une saison, on me trouverait un autre club», aurait déclaré le gaucher de Split. Ce à quoi Michel Preud'homme ajoutait laconiquement: «Ce doit sans doute être cela le football moderne!»
Un départ inopiné qui déstabilise complètement le flanc qu'arpentait l'ancien sociétaire de Pérouse, Ancône et Fenerbahçe, bientôt 32 ans.
«De ce côté-là, en effet, nous n'étions pas préparés à vivre une telle situation», confirme l'ancien meilleur gardien du monde. Une situation dont le grand bénéficiaire pourrait être Vandooren. À moins que Wamberto ne soit décalé. Toujours est-il qu'une ombre plane toujours sur cette fuite.
Car en agissant de la sorte, le Croate se grille complètement dans le milieu du football. Sans, de surcroît, n'avancer aucune raison juste et censée destinée à comprendre ce geste. Dans tout ce remue-ménage, le joueur semble avoir omis la plus élémentaire réflexion. Sans se montrer, personne ne s'intéressera plus à lui. Puis, si un tel miracle surgissait, le Standard, droit dans ses bottes, n'aurait rien à gagner à lui faire une fleur.
Par son attitude, Milan Rapaic ne va pas servir un ballon rond déjà soumis aux critiques les plus vives et diverses. Comme fin de carrière, le Croate aurait pu soigner sa sortie. Un petit monsieur, sur ce coup-là. Hallucinante histoire!
Emmanuel Thyssen
© Les Sports 2005